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Visite au Cameroun de Xavier(2007)

LA FRATERNITÉ AU CAMEROUN

 

Fraternité de Mayo Ouldémé

(Jean , Roger , Jacques )

Visite de Xavier de la Fraternité Centrale de Bruxelles (sept 2006) :

 

Mayo Ouldémé ! Une longue et très belle histoire : Jacques  est arrivé en 1951; Georges en 1954; Pierre  en 1956; André en 1960; Paul en 1962; Philippe et Jean en 1965…. Impossible de tout vous raconter…

A Yaoundé, j'ai rencontré une jeune femme de 25 ans qui est en 5e année à l'Ecole Normale. Elle prépare un mémoire sur l'histoire de la Fraternité de Mayo Ouldémé. Elle est fille d'un des premiers couples Mada-Ouldémé (son père est Mada et sa mère Ouldémé) : tout un symbole! Elle a déjà fouillé dans les archives du Cameroun; elle a interrogé les frères et les sœurs, les vieux de la montagne, les chefs. Elle cherche à comprendre pourquoi les frères et les sœurs sont arrivés à Mayo Ouldémé! Impressionnant… tout l'intéresse : les photos, les travaux de langue de Jacques, d'André, de Pierre … Les réflexions sur les coutumes, les rites… Les tensions avec l'administration, avec les musulmans, entre les tribus (Mada, Ouldémé)…

C'est cette même ambiance que j'ai trouvée au dispensaire qui est entièrement pris en main par des infirmiers (hommes et femmes), bien formés et originaires du Nord, et certains de Mayo Ouldémé.

cameroun1Depuis un an, l'abbé Richard (originaire du Nord) collabore avec les frères et les sœurs. Il sera ordonné prêtre le 25 Novembre 2006. On sent bien comment il est prêt à prendre la relève.

Dieu a travaillé avec nous, Dieu peut travailler sans nous. Que le Nom du Seigneur soit béni!

Depuis des années on se prépare progressivement à un désengagement, et voici que le moment est venu de prendre des décisions et de fixer des dates.

Après avoir parlé entre nous quatre (Jacques, Roger, Jean et moi), nous sommes descendus avec Jean à Maroua pour parler avec Philippe[1]. Nous avons donc décidé de remettre au diocèse la paroisse de Mayo Ouldémé en juin 2008. Philippe accueille notre décision; il nous dit "je comprends bien et j'accepte les raisons et la situation telle qu'elle est… Mais ces jours-ci j'avoue que j'ai eu des petits moments de tristesse, dus un peu à cela, mais aussi à des situations dures à porter ici." N'oublions pas de prier pour Philippe et pour tout le diocèse!

Je ne pense pas que ce soit nécessaire de faire de grands discours théoriques sur une telle décision. J'ai vu grandir cette communauté : il y a beaucoup de défauts, mais il y a une vitalité impressionnante. Inutile de se gonfler, mais c'est vrai que l'on voit de belles choses.

Ma relecture se fait surtout sur le thème "fraternité". Depuis plus de 50 ans nous avons appris à "devenir frères et sœurs". On est tellement habitué à cette relation "fraternelle" qu'on oublie qu'elle n'est pas du tout évidente dans d'autres villages, dans d'autres régions, dans d'autres pays…

Mais on peut regarder aussi sur le plan matériel : il y a l'électricité, la télé, le goudron, le téléphone, les motos, les chauffeurs, les mécaniciens, les soudeurs, les maçons…

On peut regarder sur le plan pastoral. Beaucoup de choses sont déjà dans leurs mains, et Richard ne va pas travailler seul ! Le travail passé est énorme, l'avenir est ouvert.

Du côté des sœurs, il y a longtemps que l'on a vu positivement la succession de différents charismes (Petites sœurs de Jésus, Servantes de Marie de Douala, Petites sœurs de l'Evangile, Sœurs de Cuneo, Filles de Marie et de Joseph, Carmel d'Avranches, Filles de la Croix…). Les gens savent mieux s'adapter que l'on ne l'imagine, et c'est une grande richesse de voir maintenant des sœurs indiennes parcourir les villages en moto et prendre des initiatives que l'on n'aurait jamais imaginées.

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La "fraternité" à l'intérieur d'une famille ne se vit pas en restant les uns à côté des autres. C'est peut-être cela que nous sommes appelés à vivre quand nous voyons partir des frères et des sœurs sous d'autres cieux. "Laisser la place à d'autres" fait peut-être partie du projet de Charles de Foucauld quand il parle de la "dernière place".

La fameuse expression des Actes des Apôtres : "Nous et l'Esprit saint…" me semble juste pour dire que ensemble nous avons vu que c'est le moment de laisser la place à d'autres, même si cela va provoquer de grands changements et chez nous, et chez les gens avec qui nous avons marché pendant plusieurs générations. Le Seigneur les aidera ! Le Seigneur nous aidera…

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[1] Petit frère de l'Evangile, évêque du diocèse de Maroua.

 

 

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Diaire de Jean