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D'Andreas

Andreas vit à Leipzig, en Allemagne. Il nous fait le récit de sa retraite dans leur ermitage.


Andreas 

Au mois de juillet, j'ai pu passer 8 jours dans notre ermitage de Schönburg (château belle!). Et c'est vrai, c'est un très beau lieu : le village avec les ruines du château, la vallée de la rivière, les forêts, les vignes et notre ermitage. L'ambiance invite à entrer dans l'admiration de la beauté. "C'est la beauté qui va sauver le monde." (Dostoïevski) C'est l’émerveillement qui nous ouvre à une autre dimension. C'est l'admiration que nous met en adoration.

Pendant mon temps de retraite j'ai essayé de prier avec quelques passages de l’Évangile selon S.Jean. La "manière ignatienne "(méditation de l'Écriture) m'aide aussi à entrer avec ma fantaisie et mes émotions dans la rencontre avec Jésus. Une phrase qui me parle beaucoup c'est la question qu'on a posée à Jésus : "Rabbi, où demeures-tu ?" (Jean 1,38)

Normalement j'imaginais une habitation, un lieu où les premiers disciples ont pu voir là où Jésus demeurait. Cette fois-ci j'ai découvert, que Jésus habitait mes beaux souvenirs, mes moments heureux; mais il habite aussi mes déceptions, mes douleurs, ma tristesse, mon vide...

J'ai fait une révision des mois précédents qui étaient bien remplis d'événements : le travail saisonnier à Leipzig, mon accident de travail, le défi d'une demande pour un engagement dans l'Église; la grave maladie de mon beau-frère, mon départ pour l'Année Commune, le temps à Spello, mon retour pour la réunion régionale, et après à Leipzig.

J'ai pu revoir des moments très beaux: la solidarité de ma fraternité de Leipzig ; la rencontre avec les frères de l'Année Commune qui venaient de 4 continents; les échanges dans la confiance, les "aventures" avec Gabriel Marolleau (promenades dans la montagne pour préparer le pèlerinage de l'Année Commune).

Seigneur, où demeures-tu? Oui, tu habites les moments de confiance; tu habites le partage des cultures différentes; tu habites la beauté de la nature. J'ai pu trouver spontanément de beaux moments dans lesquels j'ai ressenti la présence de Jésus.

Mais il habite aussi les lieux sombres de mon cœur, les blessures, les déceptions, les échecs, les départs. Je pouvais pressentir la présence du Seigneur même dans ces moments pour lesquels je ne peux pas rendre grâce spontanément. C'est une présence plus discrète, sobre, fine, fragile.

L'évangile raconte que les disciples virent où Jésus demeurait et ils restèrent auprès de lui. J'ai essayé de demeurer avec mes souvenirs difficiles. Normalement on fuit, on passe vite, on refoule. Mais demeurer avec le vide et les sentiments difficiles peut permettre d'approfondir la relation avec Jésus. Si je reste avec mes expériences difficiles – dans la présence de Jésus -, peut-être je découvre qu'ils sont des lieux pour être proche de Jésus, dans sa patience, sa passion, sa confiance. J'ai pu découvrir aussi que les moments difficiles peuvent devenir une source de consolation.

Pendant ma retraite j'ai profité pour marcher un peu (pas trop parce que j'avais encore une douleur dans mon genou). J'ai pris le vélo et aussi le bateau en caoutchouc pour aller sur la rivière de la "Saale". C'est une manière de bouger très méditative et silencieuse, en pleine nature, entre l'eau et le ciel: On peut observer des canards, des buses, des martins-pêcheurs, des tortues, des poissons qui sautent de l'eau pour un moment.

Après ma retraite, qui m'a apporté une grande paix, je suis rentré à Leipzig pour continuer mes petits engagements : les visites dans la prison et auprès des malades, les accompagnements, les petits boulots pour gagner un peu d'argent. Et je me suis rendu compte, que dans notre ville très sécularisée, je peux aussi découvrir la demeure de Jésus. Il n'habite pas seulement les temples et les églises, mais aussi les rues, les bars, le marché, la prison – et même notre fraternité. "Venez, demeurez… et vous verrez !"