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De Yesudas


Yesudas, frère originaire de Goa et qui vit maintenant en Inde, a écrit ce diaire quand il était encore en Tanzanie.
Il s'agit du récit de sa retraite en vélo.

    Chers frères,


Yesudas
    Je suis heureux de pouvoir vous partager quelque chose de ce que j'ai vécu ces derniers jours. Ma retraite annuelle a été un véritable temps de grâces. Basutu qui se trouve à presque 300 km d'Arusha, est une bonne place pour une retraite. Après un temps de réflexion, j'ai décidé de m'y rendre en vélo. J'ai préparé mon vélo pour parcourir cette longue distance. Cela n'a pas été possible de trouver un compagnon pour venir avec moi (en dehors de mon vélo). J'avais déjà été à Basutu qui est une paroisse des pères augustiniens. Ils m'ont accueilli pour cette retraite qui a d'abord commencé sur les routes.

Pendant la préparation de ce voyage, j'avais quelques craintes car je pensais aux problèmes que je pourrais avoir sur la route : avec le vélo, avec les gens rencontrés sur la route (parfois ils ont mauvais caractère), avec les frères et les amis qui n'allaient peut-être pas suffisamment m'encourager. J'avais tout cela dans la tête, et alors j'ai pris un jour de prière et de repos dans notre ermitage avant de me mettre en route. J'ai mis toutes mes angoisses dans les mains de Dieu en me disant : "Tout ce qui arrive est opportunité". Une fois sur la route avec mon vélo, je me suis senti plus confiant, et tout s'est bien passé, et je suis retourné sain et sauf.

Comme étranger sur la route, je savais que je serais un centre d'attention. J'avais décidé de saluer tout le monde. C'était un bon geste de bienveillance qui m'a aidé à me débarrasser des fausses peurs. J'ai vécu des moments d'amitié avec les gens que j'ai rencontrés. J'en mentionnerai seulement deux:

J'ai rencontré un homme, un berger, qui conduisait ses ânes dans la plaine; il allait jusque là-bas pour acheter du sel et le ramener au village. Après une longue montée, j'étais en train de me reposer en haut d'une colline et je regardais le panorama. Le berger est arrivé avec ses ânes, et je l'ai salué comme un vieil ami: on a commencé à parler de ses activités. A la fin, il laissa s'exprimer sa curiosité et il me demanda: "Pourquoi tu voyages comme cela en vélo?" Je lui ai répondu: "J'aurais bien sûr pu venir en voiture ou en bus, mais alors comment j'aurais pu te rencontrer si simplement. C'est une chance unique de se rencontrer". Il approuva avec sa tête et nous nous sommes séparés dans la joie.

La dernière rencontre a eu lieu pendant la descente de cette même colline. Il y avait 2 femmes avec des enfants qui conduisaient des vaches. J'ai remarqué qu'elles me regardaient fixement comme un étranger qui entrait dans leur territoire. Elles étaient comme des colonnes figées sur place jusqu'à ce que je les ai saluées: "Eh! comment ça va?" Alors, toutes heureuses d'être saluées par un étranger, ces colonnes se sont fondues en joyeux sourires. Cela m'a obligé à m'arrêter et j'ai pris le temps de parler avec elles. Cette fois je leur ai dit en blaguant que je n'avais pas assez d'argent pour venir avec une voiture. Elles ont ri montrant toutes leurs dents et leurs yeux lumineux. Nous avons souhaité bonne route les uns aux autres en partant. Sans freiner, j'ai laissé mon vélo descendre jusqu'en bas.

Mes moments de prière en vélo ont consisté principalement dans la récitation du "Notre Père", du "Je vous salue Marie" et du "Gloria". Je priais ainsi, tout en pédalant, tandis que les voitures passaient à toute vitesse sans faire attention à moi. J'étais aussi heureux de rencontrer Dieu dans la nature et dans les gens sur la route.

En arrivant à Basutu, mon programme a changé. J'ai pris seulement 5 jours de prière et de réflexion. J'ai participé à la prière de la communauté, le matin, le soir et pour l'Eucharistie. L'endroit est calme avec la beauté naturelle du mont Hanang et du lac Basutu. Des gens m'ont dit qu'il se pourrait que des hippopotames dérangent mes nuits.

Le livre de Albert Nolan "Jésus avant le christianisme" a été un bon livre pour réfléchir sur le cœur et la mentalité de Jésus. J'ai aimé ce Jésus qui est touché par les souffrances du peuple et qui est plein de compassion. Je me suis souvenu de plusieurs malades qui m'ont beaucoup touché à l'hôpital du Mont Méru.

Après le 5e jour, j'ai repris mon voyage pour retourner à Arusha.

L'accueil des tanzaniens qui parlent partout la même langue, m'a aidé dans mon adaptation dans ce pays. Ces 20 années ont passées calmement et rapidement. Ce temps de retraite a été une bonne occasion pour rendre grâces à Dieu d'avoir pu vivre en Tanzanie. Et maintenant je peux envisager de vivre les prochaines années en Inde (20 !), et j'ai de grandes attentes.


Bye Bye ! Yesudas.