
«Nazareth», village de banlieue, éloigné du centre
politique, économique et religieux, village de Galilée où les gens ont un
accent très fort, repérable, où les habitants sont considérés comme des gens
de la terre, peu orthodoxes...
«Nazareth», le village de Jésus, de sa croissance, comme homme, comme
croyant.
«Nazareth», le «lieu» que Jésus choisit, avec lequel il se rend solidaire:
le monde des gens de banlieue, des sans culture, des insignifiants, des sans
pouvoir, des pauvres...
Il a
annoncé un Royaume qui est don, gratuité de l'amour infini de Dieu pour tous
et qui aime, pour cela, d'un amour préférentiel, les exclus de la justice
humaine («Heureux les pauvres, les affamés,...»); un Royaume qui est
engagement, projet, style de vie fait de choix concrets et courageux
(«Heureux ceux qui ont un esprit de pauvres, les artisans de paix...»).
Sa vie a
été conforme à cette annonce, en paroles et en actes: les pauvres, les
exclus de la vie sociale, politique, religieuse, ont compris que la
libération attendue était présente maintenant en cet homme et ils ont
commencé à le suivre («Je te bénis, Père, car tu as caché cela aux savants
et tu l'as révélé aux petits»).
Tout cela
lui a coûté cher; le pouvoir religieux et le pouvoir politique ont eu
intérêt à se débarrasser de lui. Il est mort comme un bandit, crucifié: Lui
qui prévoyait probablement de mourir comme un prophète. Il a été volé même
de sa mort.
Les
siens, de la profondeur de la nuit où ils étaient plongés, à partir des
femmes, l’ont découvert vivant... et ils sont repartis en Galilée, en dehors
du Temple, parmi les gens de la terre, sur la route...
Notre
«Nazareth», «cœur à cœur» avec le Père cherché avec peine dans la tempête
de nos jours; silence souffert dans le bruit de la ville; écoute de la
parole parmi les nombreuses paroles étouffantes; intimité nécessaire dans la
dispersion: souffle contemplatif, source de notre vocation...
Notre
«Nazareth», sortir vers 1'autre, le différent, l'exclus..., descendre au
fond du puits avec lui pour remonter ensemble et projeter une vie digne,
libérée. Partager, bien sûr, «vivre avec», mais pour un chemin de
libération, ensemble, à petits pas, presque invisibles...
Notre
«Nazareth», témoignage d'un style de vie différent, plus sobre, attentif aux
pauvretés proches et lointaines, informé, critique. Témoignage qui devrait
devenir dénonciation passionnée...
Notre
«Nazareth»: accueillir ceux qui sont loin (ou qui ont été éloignés) de
l’Eglise, acceptant de ne pas être compris par le «Temple», mais cherchant
sans cesse fraternité, amitié..., vérité.
Et
repartir en «Galilée» où la vie est censurée pour redécouvrir l'espérance
avec les «censures de l'hístoire» et savoir la chanter... même si l'on a un
nœud à la gorge et la peur d'être mis de côté...». (Un frère d'Italie) |