Fraternité de NYONS

(Roger, Charlie, Alain, Christian)



Nyons



La Fraternité de Nyons a vécu le départ de trois frères :

        Jean Bian ( 1ermai 2021 )
        Michel Tenet ( 24 juillet 2021 )
        Philippe Stevens ( 7 décembre 2021 )




Souvenirs de notre frère Jean :


Portrait Jean   Jean qui vivait dans la Fraternité de Nyons est décédé le 1er mai 2021. Les funérailles ont eu lieu le mercredi 5 mai avec l'inhumation dans le cimetière de Nyons.
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    Jean est né en Bretagne dans une famille de 11 enfants. Après quelques années de séminaire il a fait son service militaire en Algérie où il a rencontré les petits frères qu’il rejoint en 1963. Avec le frère Philippe il rejoint le Mayo-Ouldémé au Nord Cameroun en 1965. Lors d’un séjour en France, en 1968, il est renversé par une voiture et se retrouve avec un bras et un pied paralysé ; il écrit aux frères :.
Celebration    “Je ne sais pas encore ce que vont devenir le bras et le pied, mais le moral n’a jamais été atteint. Les frères m’ont beaucoup aidé par leurs visites quotidiennes. Les infirmières ont aussi été d’un très grand dévouement pour moi et pourtant je leur en ai fait voir !… Cet accident, pour moi, aura été comme une deuxième naissance… “Je suis la Résurrection et la Vie, qui croit en moi ne mourra jamais”.
    Ces paroles de Jésus ne sont vraiment entrées en moi qu’après mon accident. J’ai vu des personnes à l’hôpital, qui n’avaient plus aucun espoir et je me disais : s’ils croyaient en la Résurrection, ça changerait quand même leur passage de cette vie dans l’autre. Que nous avons de la chance de croire en Jésus qui est Résurrection et Vie !”

Visite    Est-ce que ce bras va guérir, est-ce que ce pied va marcher ? Il ne faut pas se tracasser, il faut prendre comme ça vient sinon on risque de s’impatienter, de perdre espoir. Il faut se mettre entre les mains de Dieu.”
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    Jean restera handicapé du bras et du pied, mais il s’accommodera de cette situation. Cela ne l'empêchera pas de retourner au Cameroun. Même en 1971 il traversera, en stop, le Sahara et écrira ensuite : “Au désert j'ai rencontré le Père de Foucauld… Pour lui, Jésus c’est l'ami et le frère qui est toujours là… Pendant ce voyage, j'ai beaucoup réfléchi aussi à la joie : un religieux doit toujours avoir la joie au fond du cœur”.Jeunes 
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    En 1986, Jean fait un temps de retraite : “Une année sabbatique, pour moi, c’est d’abord une année de gratuité, une année où on quitte tous ceux parmi lesquels on vit depuis des années pour vivre avec Dieu seul, pour vérifier si c’est Jésus ou nous-mêmes que nous aimons en aimant nos frères… Dieu vient : Il ne veut pas simplement sa place mais toute la place. Pour prendre toute la place, Dieu sera bien obligé de nous déranger; c’est pourquoi je n’aime pas une vie bien structurée”.
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    Durant ces 40 années d'Afrique, Jean a souvent fait des séjours en France pour être soigné. En 2008, il arrive définitivement avec frère Roger à Nyons où il se fait beaucoup d'amis tant parmi le personnel qui lui donne des soins que parmi les personnes qu’il rencontre lors de ses promenades en fauteuil électrique.

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Frat Digue    Aux funérailles de Jean, notre frère Philippe s’exprimait ainsi :
  “Jean était
profondément attaché à “son ami Jésus” comme il l’appelait. Par toute sa vie de foi, de prière et d’amitié si simples, il a voulu communiquer à ceux qui l'entouraient cette joie de croire en Jésus, de se convertir, d’accepter les épreuves de la vie en se laissant “émonder” par Jésus, comme les sarments sur la vigne… Par une simple parole ou attitude, il savait dire son approbation ou son désaccord; il était à l'aise avec tous, petits et grands, n'avait peur de personne. Je pense que si le pape lui-même l’avait rencontré ou le président de la République, Jean l’aurait tutoyé comme tout le monde et lui aurait dit “oussé-oussé” (bonjour au nord-Cameroun), comment tu vas ? et en France il aurait terminé la rencontre par son “kenavo” breton !”


Quelques témoignages :Tricycle

  de sa famille : “Nous retiendrons de toi ta joie de vivre, ta gaîté, ta bienveillance…”
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  d’amis : “Qui ne pouvait pas aimer Jean ? Son décès est une perte, mais il nous laisse riches avec sa vie remplie qui témoignait la joie en Christ”.
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    “L’ami, ton ami, et celui de tous ceux qu'il savait rencontrer sur la “digue” de Nyons, roulant sur son fauteuil. Quel témoin de la rencontre !”
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    “Jean, à Mayo-Ouldémé, était une figure unique et charismatique, devenu Un avec les Ouldémés, pauvre avec les pauvres mais riche en amour universel.
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 de l’Évêque de Maroua: “Nous gardons du frère Jean Bian la mémoire d'un serviteur proche du peuple de Dieu, attentif et sensible aux souffrances des autres. Grand promoteur de l'éducation, il a contribué à la formation scolaire et académique de nombreux jeunes de Mayo-Ouldémé. Son esprit de dépouillement reste un témoignage évangélique gravé dans les esprits.”

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Souvenirs de notre frère Michel


Michel     Michel de la fraternité de Nyons en France, est décédé dans la nuit du sa medi 24 juillet 2021. Ses funérailles ont eu lieu le samedi 31 juillet à Nyons, puis l'inhumation le 3 août dans son village natal de Communay, proche de Lyon. 
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    Le vendredi soir, Michel a participé à la prière et au repas. Le matin du lendemain, nos frères l’ont trouvé paisiblement couché sur son lit : il était parti tranquillement pendant son sommeil. Il faut dire que Michel était surveillé pour un anévrisme de l’aorte qui grandissait continuellement. Aussi Michel savait qu’un jour elle allait éclater et il était prêt pour partir…   Sambuc
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    Michel est né le 15 août 1938. Après avoir été appelé à participer à la guerre d’Algérie, il entre chez les Petits frères de l’Evangile en Camargue ; il y fait ses premiers vœux le 12 septembre 1968. Pendant 10 ans il vit à la fraternité du Sambuc (en Camargue). 
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    Voici ce qu’il écrivait en 1974 : “Pour ce qui concerne notre fraternité du Sambuc, nous essayons le plus possible de partager tout ce qui fait la vie des gens, par le travail, les contacts d’amitié, les services que nous pouvons rendre et de les aider spirituellement, quand ils le demandent… Je travaille dans un mas avec une équipe d’ouvriers marocains. Au printemps, la cueillette des asperges ; l’été, les fruits et la vigne ; l’hiver la taille des arbres… Plusieurs fois ces ouvriers nous demandent de les aider dans les démarches en vue de faire valoir leurs droits : bureau de la main-d’œuvre, inspecteur du travail, consulat du Maroc… Avec eux nous parvenons à échanger très profondément sur l’Islam, Dieu, les grands prophètes, la prière, la Sainte Vierge, sur notre vie, notre vocation…”
  
Nyons 1.
  À travers nos relations et nos rencontres, l’évangélisation se fait petit à petit. Je peux vous dire sincèrement quelle joie il y a de vivre en Camargue au milieu de ces gens et des immigrants. Restons petits avec ces migrants, d'où qu'ils viennent. Leur ouvrir la porte, quelle joie ! Mais eux quand ils ouvrent leur cœur, quelle lumière ! On découvre la grandeur de Dieu qui connaît “le secret des cœurs”.
118 la Digue
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   En 1980, Michel rejoindra la fraternité de Nyons dans la Drôme. “Au départ, c’était pour accompagner notre frère Xavier Cavrois”. Michel travaillera à la coopérative agricole de Nyons où il se fera beaucoup d’amis. “Ensuite c’était avec le postulat et les années suivantes, plusieurs frères sont revenus d’Afrique à cause de la santé et ont retrouvé à Nyons un coin paisible et fraternel. De mon côté j’apprécie beaucoup notre fraternité qui s’est agrandie, avec un rythme de retraité, où chacun trouve sa place. Chaque jour est une merveille que le Seigneur accorde, parfois avec nos faiblesses et notre humeur. “Confiance”, Jésus ne cesse de nous le rappeler dans l’Evangile…”.
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   Michel aimait entretenir un petit jardin de légumes et aussi des lapins, poules et pigeons. Il était un membre actif de la Pastorale de la santé de la paroisse : “Dans mes journées, je rencontre les personnes seules ou malades à domicile”.
Henri C.
  “En février 2018, nous avons accompagné notre grand ami et frère, Henri Couston qui a rejoint la paix dans la gloire de Dieu. Vous tous vous l’aviez bien connu dans sa petite maison parmi les oliviers. Avec simplicité il rayonnait sa foi, sa bonté, sa joie”.
Même avec la retraite et nos âges, les journées sont bien remplies par une grande paix et amitié. Cette année 2018 est un peu particulière, je change de dizaine, pour la fête du 15 août j'arriverai à mes 80 ans. Et dans quelques jours ce sera le jubilé, 50 ans de mes premiers vœux. Je rends grâces à Jésus de tous ses dons reçus, dans ce parcours, dans la Fraternité, à la suite de notre frère Charles.

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Pierre Michel Alain Michel

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Souvenirs de notre frère Philippe


    Né en 1937 à Quaregnon dans la province de Hainaut dans le Sud de la Belgique, Mgr Philippe Stevens est le 7ème d’une famille chrétienne de neuf enfants. L’une de ses sœurs est elle-même Carmélite.
    Il entre au séminaire à l’université catholique de Louvain. Il obtient à 19 ans, une licence en philosophie. Il intègre ensuite la congrégation des “Petits Frères de l’Évangile” et y apprend, entre autres, la maçonnerie.
Baba Simon
  L’année 1965 marquera date de son arrivée au Cameroun. Il met directement le cap sur le Mayo-Ouldémé (où officie déjà un certain Baba Simon) avec les autres frères il s’engage dans lePhilippe Mayo développement et l’évangélisation des communautés Mada et Ouldémé.
     Il est ordonné prêtre en 1980 par Jacques de Bernon alors évêque du diocèse de Maroua–Mokolo.
    En 1994, Philippe Stevens est nommé Evêque de Maroua-Mokolo, et consacré évêque deux le 15 janvier 1995, par André Wouking.
    Le 5 avril 2014, le pape François a accepté sa démission pour raison d’âge. Il se consacre au dialogue interreligieux entre chrétiens et musulmans.

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Philippe Baptemes
     A Nyons Philippe souffrait beaucoup de plaies aux deux pieds: il avait contracté cela au Cameroun il y a de nombreuses années; cette plaie à un pied l’handicapait beaucoup quand il vivait à la fraternité de Mayo-Ouldeme ou comme évêque à Maroua ; elle était difficile à soigner et il faut dire qu’il n’a pas toujours pris le temps pour cela : mais il arrivait à faire avec et à continuer ses activités.
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    Avec l’âge, à Nyons, il y a eu aggravation : les deux pieds ont été atteints, il arrivait difficilement à marcher ; il était très bien soigné, les infirmières venant tous les jours à la fraternité pour nettoyer ses plaies et changer ses pansements. Il a été accompagné, instant après instant, jusqu’au bout par Alain et Christian, et par Roger jusqu’à son départ pour Spello, A cause de souffrances qui allaient toujours en augmentant, il était constamment sous calmants. Malgré ceux-ci, il a beaucoup souffert les dernières semaines. Il s’est éteint au début de l’après-midi du 7 décembre.
.Philippe et Charly
  
 Ses funérailles ont été célébrées à l’église de Nyons, loin du Cameroun où il a vécu une bonne partie de sa vie : la célébration a revêtu un peu de couleur africaine, avec la présence de quatre prêtres camerounais originaires du diocèse de Maroua, prêtres qui avaient été ordonnés par Philippe : trois sont aux études à Paris, et le quatrième, originaire du Mayo-Ouldeme même, et donc que Philippe connaissait depuis tout petit, est devenu évêque de Yagoua, un diocèse voisin de celui de Maroua dont Philippe était l’évêque. Une femme originaire du Mayo, résident en France, était aussi présente.

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    Les trois prêtres et cette femme ont donné au début de la célébration des témoignages personnels et émouvants ; à l’homélie, Mgr Barthelemy, ’évêque de Yagoua, a raconté le chemin qu’il a fait grâce à Philippe et en sa compagnie. La célébration était présidée par Mgr Pierre Yves, l’évêque du lieu.
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    Sa famille était représentée par des neveux et nièces : ses sœurs qui étaient venues de Belgique à Nyons à l’annonce de l’aggravation de l’état de Philippe n’avaient pas pu rester pour la célébration.
Philippe a été inhumé dans le cimetière de Nyons où reposent déjà quatre de nos frères, Xavier Cavrois, Paul Cheval, Alain Gaschard et Jean Bian.

Philipppe
Voici quelques lignes d’un groupe de Résidents de l’hôpital
            où il venait célébrer quand il le pouvait :
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    “Frère Philippe, merci pour votre présence lumineuse, votre personne si belle, si humble. « Je souffre » avez-vous dit à l'un de nous, mais je suis heureux. » On le voyait en vous ce bonheur. Vous grand, si vous étiez avec nous « En bas », à notre hauteur.
    La Parole de Dieu si bien expliquée, nous parlait au cœur. vous nous aidiez à ne pas craindre la mort, alors comme vous avez fait le passage, ne nous oubliez pas. Vous nous enverrez peut-être quelques petits cailloux blancs pour nous aider à continuer notre chemin.

Pauline
Kokodata Pauline : Paroisse Saint-Marc de Tchéré-Tchakidjebe
Mgr Philippe se fait admirer par son accueil, son humilité, son dévouement et son ouverture à l’œcuménisme.
On entrait chez lui sans protocole.
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Il était vraiment un père pour les jeunes et beaucoup parmi eux qui ont fondé une famille ont donné son nom à leurs enfants.
Nous n’aurons pas deux comme lui.